The Rain Must Fall [Ft. Niou]

Si peu de lumière en ces derniers jours. S'en était affligeant... L'hiver battait son plein. Le froid perdurait et le soleil peinait à montrer le bout de son nez. En somme, le temps n'était que peu propice au passe-temps favori du pauvre Allen, s'obstinant à garder ses racines dans le jardin malgré les intempéries... Non, il avait un monde à entretenir, et ce, aussi bien mentalement que physiquement ! L'intérieur de l'institut lui semblait bien terne, et les rayons de soleil n'aidaient pas à rendre l'atmosphère du bâtiment plus chaleureux. À vrai dire, il n'avait aucune idée de la raison pour laquelle il avait été obligé de se faire ranger comme les autres dans un dortoir... Il n'y dormait de toute évidence jamais ! Morphée ne l'attendait à bras ouvert qu'en la présence d'une végétation dense. Oh, Allen avait bien essayé d'apporter toutes les plantes qu'il avait pu jusqu'à sa chambre -sûrement bien plus qu'il n'en avait en réalité le droit...- mais rien n'y faisait. Ses pensées ne s'égaraient réellement qu'une fois à l'air libre.

C'est ainsi une fois de plus sous la tristesse d'une pluie de fin d'hiver que le jeune mutant tentait désespérément de trouver refuge... Non vraiment, c'était inutile... Si l'averse pouvait parfaitement refléter la douceur d'une poésie, Allen ne l'avait jamais observé comme telle. Le mauvais temps n'était pour lui qu'une absence de soleil, et malgré sa primordialité pour la croissance des plantes, le garçon ne pouvait que ronchonner face au manque de lumière... Quelques petits nénuphars en fleurs sur la tête, Allen restait accroupi comme un gamin, dégoulinant et trempé jusqu'aux os. Les serres étaient bien à dispositions, à l'abri de la pluie, seulement le chouineur souhaitait s'asseoir dehors... Ses racines ne prenaient pieds qu'en un lieu qu'il désirait sur le moment Mônsieur ayant décrété qu'il souhaiterait germer sur ce petit talus, aucune pluie ne l'en délogerait... Alors voilà. Allen ronchonnait.

Un mince espoir pointa cependant soudainement le bout de son nez au loin ! Le jeune mutant plissa légèrement les yeux, faisant par la même occasion pousser d'avantage de nénuphars par-dessus son front afin de se protéger de l'eau... Derrière le manteau de pluie, une silouette commune se dessinait, approchant de sa position. Oh, Allen n'avait certainement aucune idée de la venue de son camarade mutant en ces lieux un jour de pluie, seulement il s'agissait là d'un vague rayon de soleil dans sa journée ! Tout à fait ! Le petit Pavlov connaissait parfaitement les capacités de Niou Ishido, aussi en était-il devenu jaloux... Ce garçon avait le don de donner vie à des minis soleils ! Quelles meilleures métaphores pouvaient réellement plus égayer sa journée ? Il n'y avait pas mieux qu'un créateur d'étoiles afin de faire rayonner le mauvais temps ! En un instant, voilà que Allen lève son cul si obstinément collé au sol... Son pas se fait presque rapide, une première pour l'être nonchalant qu'est le mutant...

« Niou. Tu ne pouvais pas mieux tomber, le monde a besoin de toi. Enfin... Le mien, quoi qu'il en soit. » Sa voix se veux chaleureuse malgré le bruit incessant de la pluie...

Doucement, le garçon lui attrape une main, pointant sa paume d'un regard presque émerveillé.

« C'est avec ça que tu fabriques ta lumière ? Tu sais à quel point c'est essentiel pour mes amies ? » Un grand sourire vient orner son visage. Une demande cachée ? Oh non... Bien sûr que non...

Le temps était morose ces derniers jours, il n'avait cessé de pleuvoir et bien que je n'avais rien contre la pluie j'étais pas vraiment apte à finir tout trempé. C'était assez dommage car j'aimais me rendre dans le jardin de l'institut quand il faisait beau. Ce qui était loin d'être le cas, et en plus c'était le week end alors il n'y avait pas cours. J'étais donc resté dans ma chambre, le front plaqué contre la vitre de la fenêtre à regarder la pluie tomber encore et encore, sans jamais s'arrêter. Ça allait être l'une de ses journées longues en attendant le lendemain, et priant que les nuages gorgés d'eau soient chassés.
Ma guitare siégeait pourtant au pied de mon lit, mais je n'avais pas vraiment envie de jouer quelque chose. Je l'avais emmené à l'institut à mon arrivée, pensant que je passerai les heures tout seul le soir après les cours. Mais j'avais eu deux colocataires, Caleb qui était arrivé il n'y a pas longtemps ainsi que Allen. Si j'avais crains tomber sur deux bavards, ce n'était pas le cas. D'autant plus que l'un des deux était russe. Je n'avais jamais été là bas, je me demandais comment c'était mais n'avait pas osé poser la question. J'étais un peu rester en retrait de mes camarades, comme à mon habitude. A part dormir dans la même pièce on ne faisait pas grand chose ensemble. Et encore dormir était un grand mot vu que le sommeil avait tendance à ne pas vouloir de moi et je voyais rarement aussi Allen dans la chambre. Il y avait seulement des plantes qu'il avait ramené, la pièce était un peu devenue Jardiland mais ça ne me dérangeait pas. J'aimais bien les fleurs, elles étaient jolies et apaisantes. Il y en avait même une dont un bourgeon avait fait son apparition. J'avais souri comme un idiot en l'apercevant, songeant que ça ferait peut être plaisir à mon camarade florale de le voir. Il n'était hélas pas là, et je n'avais pas mis de traqueur sur sa peau. De toute manière ce n'était pas comme si je me préoccupais de ce qu'il faisait et où. C'était un grand garçon, plus âgé que moi en plus.

Alors pourquoi est ce que je me retrouvais sous la pluie ? Certes j'avais pensé à prendre un parapluie, emmitouflé dans mon écharpe et mon manteau. Il ne faisait pas vraiment chaud, et après réflexion j'avais songé que Allen devait surement passer sa vie - son temps libre - au milieu de son élément plutôt que entre des murs en bétons. La pluie tombait beaucoup, et je pestais lorsque mes converses s'enfonçaient dans une flaque d'eau, bousillant ainsi le bas de mon jean. La pluie c'était bien, quand on était au sec. Visiblement ce n'était pas pareil pour Allen. J'apercevais ce dernier venir vers moi, haussant un sourcil en apercevant les nénuphars sur sa tête. On croirait voir une nymphe. Les humains trouveraient surement ça repoussant mais je trouvais que ça avait un côté mignon.

- Euh...ah bon ?

Je ne voyais pas comment je pouvais aider son monde. Bien qu'il restait encore à déterminer ce que ça voulait dire venant de sa bouche. Je n'allai pas tarder à le savoir. Allen avait attrapé ma main, me demandant si c'était avec elle que j'utilisais mon don. Il voulait que je fasse apparaître des sphères sous cette pluie ? Je savais que les plantes avaient besoins de soleil pour pousser et être toutes belles. Je n'étais cependant pas certains que la lumière que je faisais était suffisantes pour compenser le manque que les fleurs avaient eu depuis qu'il pleuvait.

- Euh oui c'est avec ça...

Une main tenant mon parapluie, de l'autre je me concentrai un peu pour en faire sortir une boule de lumière. La faisant tournoyer du regard au dessus d'Allen.

- Mais il y a aussi tes amis dans la chambre et...un bourgeon est né...

C'était pour cette raison à la base que j'étais descendue, pas pour jouer à un, deux, trois, soleil.

Bien évidemment que c'est un Niou particulièrement étonné que Allen eu l'occasion de rencontrer en ce jour de pluie... Il était rare de croiser ce dernier aussi bavard, et ce particulièrement en ce mauvais temps. La météo régissait énormément l'humeur du mutant, et le retrouver en cet instant, sourire aux lèvres et entrain dans le corps face à Niou devait être étrange... L'étonnement s'entendait aisément dans sa voix. Le pauvre garçon en était jusqu'à bégayer devant Allen. Chose ridicule quand on y pensait ! Vraisemblablement, il n'était pas plus excité que ça à l'idée d'utiliser ses capacités afin d'aider le pauvre esprit de la forêt... Après tout, Allen ne s'était jamais renseigné sur la relation entre Niou et son don. Peut-être faisait-il partie de ce genre de mutant effrayé par ses capacités ? Peut-être n'aimait-il simplement pas utiliser de quelconques habilités ? Quoi qu'il en soit, ce fut un Allen déçu auquel le mutant du faire face l'histoire de quelques secondes... Cette petite mine c'était cependant bien vite évaporée sous un masque de joie. Niou venait de mentionner le début de floraison de l'une de ses nombreuses plantes qu'il avait entreposé dans leur chambre commune. Le garçon ne voyait qu'une fleur capable de s'ouvrir en cette saison, du moins, parmi celle présente dans son petit jardin personnel...

« Non... Tu veux parler de mes podsnežniki ? Je craignais que la chaleur de Caleb ne les fasse jamais éclore ! » Lança-t-il avec un optimisme rare.

Il fallait dire que les perces-neiges étaient l'une de ses variétés de fleurs préférées... Elles lui rappelaient son enfance en Russie, accompagnée de son frère. Les petites pauses que leur permettait le cirque dans lequel ils avaient été vendus lui avaient permis d'observer de ses propres yeux ce genre de plantes... Petite, douce mais assez puissante afin de pousser sous la neige ! Les podsnežniki étaient de véritables symboles.

« On... On peut monter pour voir ça ? » La question était plutôt rhétorique... Il était question ici de garder un semblant de politesse après la rencontre sans aucune salutation qu'Allen avait offert à son camarade de chambre.
« Tu sais, je suis sûr que tes pouvoirs pourraient être très bénéfiques pour les plantes de la serre... » Ajouta-t-il presque en chuchotant, légèrement honteux de remettre ça sur le tapi malgré la tentative de Niou afin d'éviter le sujet.

C'était étrange de voir Allen aussi...joyeux. D'habitude il était plutôt discret, à rester dans son coin plutôt que de courir vers quelqu'un pour lui demander quelque chose. Après tout il m'avait semblé l'avoir déjà vu jouer à faire l'arbre l'autre jour pour je ne savais quelle raison. Mon colocataire était vraiment étrange mais j'étais cela peut être mal placé pour dire ça. En tout les cas si il avait mit beaucoup d'entrain dans sa démarche pour que je joue à Monsieur Soleil, il allait être déçu du voyage car je ne comptais pas auditionner pour ce rôle là. Ce n'était pas prévu au programme, et à vrai dire, autant aussi éliminer le risque de brûler les plantes à la place.
Je l'informais donc rapidement de ce qui s'était passé dans la chambre au sujet de sa plante. Peut être que c'était celle dont il parlait, j'en savais rien vu que j'étais pas du tout calé dans les fleurs. J'avais juste pensé que Allen serait content de le savoir, après tout c'était lui qui avait inondé la chambre de pot de fleurs. Ca ne me dérangeait aucunement, les plantes ça ne faisait pas de bruit. C'était cependant pas faux que Caleb avait malencontreusement déshydratés plusieurs fleurs. Avec son pouvoir ce n'était pas évident d'agir avec le monde extérieur, il était toujours actif comparé au mien par exemple. J'avais appris à la maitriser avec l'aide de mon père la première fois qu'une sphère était apparue dans ma vie. Il semblerait que Caleb ait plus de mal à le faire, surement parce que personne n'avait été là pour le guider. Heureusement qu'il y avait cette école pour les mutants laissés à l'abandon comme lui.

- Euh...oui, surement...

Je voulais pas non plus raconter un mensonge en disant que j'étais certains que c'était les po-truc. Il y avait vraiment que Allen pour réussir à prononcer le nom. Ça devait venir de son pays surement. Raison pour laquelle la nouvelle de la floraison l'avait rendue joyeux. Le mal du pays je connaissais après tout. Le Japon me manquait de temps en temps, je n'y avait jamais remis les pieds depuis la mort de ma mère. J'avais bien évidemment demandé à mon père d'y aller tous les deux mais j'avais toujours essuyé un refus. La majorité n'était plus très loin et je pourrais m'y rendre sans avoir besoin de son accord.

- Bah oui, j'étais descendu au jardin pour ça

La question n'attendait pas vraiment de réponse mais pour quelle autre raison est ce que je me serai embêté à sortir alors qu'il pleuvait comme vache qui pisse.

- Je n'aime pas utiliser mon pouvoir...ça finit mal une fois sur deux...

Déclarais je afin que Allen me lâche avec son idée de faire de la lumière pour les plantes. Peut être oui que ça leur serait utile mais j'étais pas jardinier. Et puis pour moi, ça serait comme une lumière artificielle alors que celle du soleil était milles fois meilleurs pour la flore. Il pleuvait depuis plusieurs jours, c'était triste, mais c'était la vie. Allen devait l'accepter. Pour clore ce sujet, je lui tournais le dos et me dirigeais vers la porte de l'institut, rejoindre un endroit sec et chaud. Bien que pour le côté sec c'était un peu loupé vu le bas de mon pantalon et mes chaussettes que je sentais trempés.